Cimetière de Picpus

De GeneaFrancoBelge
Cimetière de Picpus‎

La partie nord-est du jardin de l’ancien couvent (devenu entre temps une maison de santé, pour personnes riches désirant échapper à la guillotine, moyennant une pension exorbitante) fut choisi pour servir de fosses communes aux suppliciés. Une première fosse fut creusée et les corps décapités y furent jetés. Une deuxième fosse suivit quand la première fut pleine. Une troisième fosse a également été découverte en 1929 mais elle n’a pas contenu de cadavre. La chapelle de l’ancien couvent était utilisée par les fossoyeurs comme bureau afin d’inventorier les vêtements dont ils dépouillaient les victimes.

1306 personnes guillotinées reposent au cimetière de Picpus
leurs noms furent gravés sur deux plaques de marbre accrochées près du choeur de la chapelle. Parmi les 1 109 hommes figurent 108 nobles, 108 ecclésiastiques, 136 moines, 178 militaires et 579 roturiers. Parmi les 197 femmes, il y avait 51 nobles, 23 nonnes et 123 roturières. Le jardin et ses fosses furent alors entourés d’un mur.


Les actes d’accusation que l’on peut consulter concernant les condamnés seraient risibles s’ils ne donnaient lieu à une fin aussi tragique. Pour quelques poignées d’individus ayant effectivement menacé d’une manière ou d’une autre le régime en place, l’énorme majorité des condamnations relève d’une parodie de justice. Il fallait faire des exemples, et surtout asseoir le régime de la Terreur !

La liste qui suit permet de prendre conscience qu’à quelques exceptions près, Picpus ne fut pas le cimetière des « ténors » de la Révolution, ni du coté « contre-révolutionnaire » (Louis XVI et sa famille, Charlotte Corday…), ni du coté « révolutionnaire » (Danton, Robespierre…). La raison en est simple : lorsqu’il fut mit en service en juin 1794, la plupart d’entre eux étaient déjà morts et reposaient dans les deux autres cimetières (aujourd’hui disparus) qui servirent à la Révolution : celui des Errancis et le cimetière de la Madeleine. Picpus fut le témoin des dernières fournées révolutionnaires : beaucoup de ceux qui reposent dans les fosses furent décapités quelques jours avant la chute de Robespierre. La dernière d’entre-elles le fut le lendemain de l’exécution de l’Incorruptible !

Parmi les « fournées » révolutionnaires d’importance entre juin et juillet, dont les exécutés furent inhumés à Picpus, on peut relever celles des Parlementaires de Toulouse, celle dite de la « conspiration des prisons », celle des « chemises rouges » (hypothétique complot contre Robespierre : les condamnés furent revêtus de la chemise rouge infamante pour monter à l’échafaud)

En 1797, le jardin fut acheté en secret par la princesse Amélie de Hohenzollern-Sigmaringen, car le corps de son frère, le prince Frédéric II de Salm-Kirburg, guillotiné en 1794, y reposait. En 1803, une souscription fut organisée pour acquérir l’ancien couvent des chanoinesses ainsi que les terrains avoisinant les fosses communes. Des familles, dont les membres avaient été exécutés, fondèrent le Comité de la Société de Picpus pour l’acquisition du terrain, afin d’y établir un second cimetière près des fosses, appelé communément cimetière des familles. Dans une réunion tenue en 1802, les souscripteurs désignèrent 11 d’entre eux pour former le Comité.

Une communauté religieuse dirigée par la Mère Henriette Aymer de la Chevalerie et l’Abbé Pierre Coudrin s’installa à Picpus en 1805. Ce sont les Sœurs de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Marie et de Jésus de l’Adoration Perpétuelle (pères et religieuses des Sacrés-Cœurs de Picpus) qui assurèrent dès lors un service à la mémoire des victimes et de leurs bourreaux. Pendant la commune de Paris, cette communauté fut de nouveau touchée puisque 84 religieuses et 4 pères furent assassinées par les communards.

Le cimetière aujourd’hui

Après avoir franchit le porche d’entrée (Picpus demeure le seul cimetière appartenant à une congrégation religieuse de la capitale : il faut montrer patte blanche pour y pénétrer et payer une obole de 3€), on se trouve dans une cour entourée de bâtiments. Dans la cour, un puit d’âge vénérable.


En face, la chapelle où se trouve la liste des victimes est très simple et tenue par les sœurs des Sacrés-Cœurs. Elle porte de nom de la statue de Notre-Dame de la Paix, tenant Jésus sur son bras gauche, exposée à gauche du choeur. Sculptée vers 1530, offerte par Henri de Joyeuse aux capucins du monastère de la rue Saint-Honoré, elle a la réputation d’être à l’origine de nombreuses guérisons.



A gauche de la chapelle, un autre portail donne sur le jardin du couvent, vastes pelouses impeccables mais formant un ensemble un peu triste et austère. Au fond de ce jardin demeurent un certain nombre de « reliques » datant de l’époque révolutionnaire :

- le mur où fut établit en 1794 la porte permettant aux charrettes de déposer leurs macabres cargaisons. Le linteau supérieur est toujours là, encastré dans la muraille reconstruite, seul témoin de ce défilé.


- Le long du mur, quatre bornes marquent l’emplacement de la troisième fosse, préparée mais non utilisée.



- Deux courtes palissades signalent les deux extrémités de la barrière érigée au fond de la propriété pour isoler l’enclos.


- Une plaque commémorative a été élevée à l’emplacement de la grotte-chapelle des chanoinesses, où les corps étaient dépouillés de leurs vêtements.


C’est au fond de ce terrain que l’on pénètre dans le cimetière proprement dit, encore qu’il faille faire la distinction entre l’enclos des victimes et le cimetière des familles : - L’enclos des victimes (qui se voit mais dans lequel on ne pénètre pas) est constitué des deux fosses utilisées : ces fosses sont matérialisées par quatre bornes et du gravier. La première contient environ mille corps, ceux des exécutés avant le 2 thermidor an 2. La deuxième fosse, présentées de manière similaire, contient environ 400 corps : trois cent guillotinés entre le 2 et le 10 thermidor, et une centaine d’autres victimes rapportées ensuite. Entre les fosses, les quatre monuments funéraires sont ceux de la famille de Salm décédés en France après la Révolution. La croix dressée en face de la grille fut élevée par les soins de la princesse Hohenzollern à la mémoire de son frère le prince de Salm et de sa mère, dont le corps fut ramené à Picpus pour réaliser son vœu de reposer auprès de son fils. A l’extérieur de cet enclos, des plaques sur les murs rappellent la mémoire de certains des occupants des fosses, en particulier celle des seize carmélites de Compiègne, d’André Chénier, ou encore d’Antoine Roucher. - Le cimetière des familles : contigu aux fosses, seuls peuvent y être inhumés les descendants de ceux qui participèrent à la souscription (une exception fut faite pour l’historien G. Lenotre). La plupart de ces tombes appartiennent aux familles de la haute aristocratie française. En raison d’un agrandissement ultérieur du cimetière, on remarquera que la partie gauche de la petite nécropole contient des tombes beaucoup plus récentes que la partie droite.

Nous respecterons donc, dans la présentation des personnalités inhumées à Picpus, la distinction entre les fosses révolutionnaires (où toutes gisent pêle-mêle), et le cimetière des familles, plus traditionnel.

Les victimes révolutionnaires (inhumées dans les fosses)
  • Henri ADMIRAT (1744*1794) : sa tentative ratée d’assassiner Robespierre, puis Collot d’Herbois, se solda par son exécution et celle de 52 « complices » revêtus de la chemise rouge des assassins et empoisonneurs.
  • Jean-Jacques AIGUEVIVES, président au Parlement de Toulouse, 56 ans.
  • Antoine ALLUT, qui fit profiter l’Encyclopédie de ses connaissances en verrerie. Député du Gard à la Constituante, 51 ans.
  • Jean-laurent AUDIBERT-ROUBAUD, se disant ex-secrétaire de l’Académie des Sciences de Grande-Bretagne, 53 ans.
  • Alexandre de BEAUHARNAIS (1760*1794) : député de la noblesse à l’Assemblée Constituante (qu’il présida lors de la fuite du roi), il servit ensuite dans les armées révolutionnaires. Général en chef de l’Armée du Rhin, il refusa en 1793 le poste de ministre de la Guerre. Il fut l’époux de Joséphine Tascher de la Pagerie, future impératrice des Français, avec laquelle il eut deux enfants : Eugène et Hortense de Beauharnais.
  • Josse François Joseph BENAUT (1743*1794) : organiste et claveciniste, il eut une activité prodigieuse d’auteur, de compilateur et d’éditeur de musique. Il devint prêtre par la suite.
  • Amable de BÉRULLE, ancien premier président du Parlement de Grenoble, 39 ans.
  • Pascal BOYER, journaliste et homme de lettres (il fut critique), 51 ans.
  • Charles*Louis*Victor de BROGLIE (1756*1794) : officier, il servit lors de la Guerre d’indépendance américaine. Député de la noblesse aux Etats Généraux, il se rallia au Tiers et vota constamment avec lui. Président de l’Assemblée en août 1791, il refusa de reconnaître la déchéance du roi en août 1792. À la veille de son exécution, il recommanda à sa femme de ne pas confondre la Révolution française « avec les monstres qu’elle avait produits » et d’élever ses quatre enfants dans ses principes.
  • Michel*Ange BRUGES, ancien prêtre et député à la Constituante, 52 ans.
  • Marie*Félicité CHALGRIN (1760*1794) : fille du peintre Joseph Vernet (et donc sœur du peintreCarle Vernet), elle était l’épouse de l’architecte Jean*François Chalgrin.
  • Louis de CHAMPCENETZ (1759*1794) : publiciste, homme d’esprit et de bons mots, il incarna jusqu’à la guillotine le refus méprisant de la Révolution. Il collabora activement au journal royaliste les Actes des Apôtres qui parut jusqu’en 1792, dans lequel il attaqua l’Assemblée.
  • André CHÉNIER
  • Alphonse COUTOULY, journaliste et homme de lettres, 37 ans.
  • Anne*Emmanuel CRUSSOL D’AMBOISE, ancien député de la noblesse à la Constituante, 67 ans.
  • Sionnot DUCHESNE, dit Duquesne, homme de lettres et avocat, 45 ans.
  • Jean*Frédéric EDELMANN (1749*1794) : issu d’une famille de facteurs d’orgues alsaciens, il se fit connaître comme compositeur, claveciniste et professeur de musique (il eut parmi ses élèves Étienne Méhul et Jean*Louis Adam). Il publia entre 1775 et 1786 de nombreuses pièces pour clavecin ou piano avec accompagnement de cordes, composa et arrangea pour l’Opéra. Ami de Dietrich, maire de Strasbourg pendant la Révolution, il fut peut*être l’auteur de la musique de la Marseillaise.
  • Charles Jean*Louis de FOSSÉ, ancien député à la Constituante, 57 ans.
  • Emmanuel FRETTEAU, ancien député de la Constituante, 49 ans.
  • Pierre*François GOSSIN (1754*1794), ancien député du Tiers à la Constituante, il participa activement à la commission chargée de l’organisation départementale de la France qui supprimait les anciennes provinces.
  • Louis*Marthe de GOUY D’ARCY (1753*1794) : député des colonies à la Constituante, il fit tout ce qu’il pouvait pour s’opposer à l’admission des hommes de couleur libres aux droits politiques.
  • Marie de GRANDMAISON (Marie*Madeleine Burette : 1761*1794) : actrice à la Comédie française où elle fit carrière.
  • Jean GRAVIER de VERGENNES (1718*1794) : ancien ambassadeur à Venise (1779*1785), puis en Suisse (1786*1789), il était le neveu du ministre de Louis XVI.
  • Jean*Joseph de LABORDE (1724*1794) : banquier, ami de Choiseul et financier de la Cour (il finança les guerres de la seconde moitié du XVIIIe siècle), il aménagea le château de Méréville et fit aménager un très grand parc à fabriques (dont plusieurs cénotaphes dédiés aux grands navigateurs disparus). Député aux Etats*Généraux, il fit partie des dernières charrettes révolutionnaires.
  • Pierre*François LALLIER : ancien député du Tiers à la Constituante, 50 ans.
  • Claude Guillaume LAMBERT (1726*1794), qui fut Ministre des finances à deux reprises et pour de courtes durées entre1787 et 1788 puis en 1790 dans le Gouvernement Louis XVI.
  • Jean*Paul LATYLE : ancien curé constituant de Saint*Thomas*d’Aquin, ancien député du clergé à la Constituante, 45 ans.
  • Marie*Louise de LAVAL*MONTMORENCY (1723*1794) : issue de haute noblesse Française, elle fut la quarante troisième et dernière abbesse de Montmartre. Devenue paralysée quand la Révolution éclata, elle n’immigra pas. Sourde et aveugle, fut condamnée à mort par le tribunal Révolutionnaire pour avoir « sourdement et aveuglément » comploté contre la République !
  • Georges Louis Marie LECLERC de BUFFON (1764*1794) : fils du célèbre naturaliste, la notoriété de sa famille ne lui permit pas d’échapper à la guillotine. Son épouse fut la maîtresse de Philippe d’Orléans dont elle eut un fils.
  • Pierre LEFEBVRE : maire de Montargis, 44 ans.
  • LÉONARD (Jean*François Antié), coiffeur de la reine, à l’origine des coiffures surprenantes de la fin de l’Ancien Régime, 36 ans.
  • Simon LINGUET (1736*1794) : avocat, publiciste et homme de lettres, il fut à la fois opposé aux philosophes, aux jansénistes, et surtout au libéralisme économique mis en place par la Révolution dont il dénonça avec virulence les conséquences pour les classes laborieuses. Enfermé à la Bastille en 1780, il fit paraître peu après ses célèbres Mémoires sur la Bastille.
  • Guillaume LOISON, directeur du Théâtre des Champs*Elysées, 47 ans.
  • Roch MARCANDIER, journaliste, il fut secrétaire de Camille Desmoulins, 27 ans.
  • François MILLION, seigneur de MONTHERLANT (1726*1794), ancien député du Tiers à la Constituante. Il fut le quadrisaïeul de l’académicien Henri de Montherlant (ce qui explique la présence la présence de cette famille dans le cimetière attenant).
  • Richard MIQUE (1728*1794) : ancien architecte du roi Stanislas de Pologne (il fut chargé de nombreux travaux à Nancy), il succéda à Ange*Jacques Gabriel comme Premier Architecte du roi Louis XVI. A ce titre, il devint ainsi le principal maître d’œuvre des travaux du château de Versailles à la fin du XVIIIe siècle. C’est à lui que l’on doit en particulier le Couvent de la Reine (actuel lycée Hoche), ainsi que le Hameau de la Reine dans les jardins du Trianon.
  • Pierre*Louis MOREAU (1727*1794) : architecte de la ville de Paris.
  • Aymard*Charles*Marie de NICOLAÏ (1747*1794) : Premier Président de la Chambre des Comptes de Paris en 1773, député de la Noblesse de Paris aux Etats Généraux de 1789 , il fut élu membre de l’Académie Française en 1789 et fit l’éloge du roi dans son discours de réception.
  • Philippe de NOAILLES, duc de MOUCHY (1715*1794) : ayant participé à toutes les campagnes militaires du règne de Louis XV, il devint gouverneur des châteaux de Versailles et de Marly le 11 juin 1720 et commandant en chef en Guyenne de 1775 à 1786. Elevé à la dignité de Maréchal de France en 1775, il était l’époux de Anne Louise ARPAJON (1729*1794), dame d’honneur de la Dauphine Marie*Antoinette, puis première dame d’honneur de la Reine qui la surnommait « Madame Étiquette ». De ce fait, le duc et la duchesse de Mouchy occupèrent une position éminente à la cour de Louis XVI. Elle démissionna pourtant à cause de la nomination de la Princesse de Lamballe comme Surintendante de la Maison de la Reine. Tous deux furent décapités le même jour. Alors qu’on les conduisait au supplice, une voie cria : « Courage, monsieur le maréchal ! » Imperturbable, Philippe de Noailles répondit : «  A quinze ans, je montais à l’assaut pour mon roi ; à quatre*vingt, je vais monter à l’échafaud pour mon Dieu. Je ne suis pas à plaindre ». Sa descendance leur fit édifier un cénotaphe qui se trouve dans le cimetière des familles attenant.
  • Charles*Nicolas OSSELIN (1752*1794) : ancien membre de la Convention, il siégea à gauche, se lia avec Danton et fonda en novembre 1792 le Journal des Lois qui fit désormais référence en la matière. Entré au Comité de Salut Public en 1793, il s’y montra très actif, présentant plusieurs décret contre les émigrés et faisant adopter la loi selon laquelle le président du Tribunal Révolutionnaire a le droit d’interrompre les débats dès lors qu’il s’estime suffisamment instruit. Malgré ces mesures radicales, Osselin fit libéré secrètement plusieurs prisonniers et hébergea chez lui une jeune émigré dont il était tombé amoureux. Pour cela, il fut exclu du club des Jacobins puis arrêté. Il fut condamné à la déportation mais trempa dans une conspiration des prisons. Il fut décapité après une tentative de suicide ratée.
  • Pierre*Germain PARISEAU (1752*1794) : ancien acteur, il se consacra ensuite à l’écriture dramatique. Il produisit près de trente pièces, pour la plupart courtes, qui furent jouées dans de nombreux lieux dont la Comédie italienne et la Comédie française. Durant la Révolution, il se fit journaliste et défendit avec ardeur le parti monarchique dans la Feuille du matin.
  • Charles PLATRÉ, dit Bellecourt : coiffeur de Madame Royale, 34 ans.
  • Jean*Antoine ROUCHER (1745*1794) : poète, son monumental poème pastoral en douze chants, les Mois, sur le modèle des Saisons de Saint*Lambert, consacre un chant à chaque mois et combine description de la nature, célébration des activités humaines et nombreuses digressions. Sous la Révolution, après avoir éprouvé un certain enthousiasme pour les idées nouvelles, et de l’admiration pour Voltaire et Jean*Jacques Rousseau, il condamna ses excès et rédigea des articles contre*révolutionnaires, défendant le principe de la monarchie constitutionnelle. Emprisonné à Sainte*Pélagie puis à Saint*Lazare, il est condamné avec André Chénier et décapité le même jour que lui, deux jours avant la chute de Robespierre.
  • François Nicolas ROUVIERE de BOIS-BARBEAU, ancien secrétaire de Louis XVI, 60 ans.
  • Charles-François de SAINT-SIMON (1727*1794) : dernier évêque d’Agde dont il était également comte, cousin du célèbre mémorialiste Saint*Simon, il s’opposa à la constitution civile du clergé, refusa de prêter serment comme l’imposait cette constitution et incita les prêtres du diocèse, qui furent nombreux à le suivre, à ne pas prêter serment. Il était membre de l’Académie des Inscriptions.
  • Jeanne*Louise*Françoise de SAINTE*AMARANTHE (1751*1794) : salonière, elle tint un salon de jeu qui fut pendant quelques mois une des principales attractions du Palais*Royal.
  • Henri Bernard SAJOT, ancien président du Parlement de Toulouse, 50 ans.
  • Prosper Antoine SOULES (1763*1794) : membre de l’assemblée électorale de Paris en 1789, il fut un des vainqueurs de la Bastille le 14 juillet 1789 dont il devint ensuite « Commandant intérimaire de la forteresse ».
  • Pierre Louis René THIERRY, ancien valet de chambre de Louis XVI, 60 ans.
  • Frédéric, baron de TRENCK (1726*1794) : aimé de la princesse Amélie de Prusse, sœur de Frédéric II, il fut enfermé en prison en 1745. Il parvint à s’évader, se réfugia à Moscou, où il se fit aimer d’une princesse russe ; puis à Vienne, où il recueillit l’héritage de son cousin, après avoir abjuré le Luthéranisme. Étant rentré en Prusse pour affaires de famille (1753), il tomba entre les mains de Frédéric, qui le retint pendant dix ans prisonnier à Magdebourg. Il vint en France au commencement de la Révolution, fut arrêté sous la Terreur comme émissaire secret du roi de Prusse, et périt sur l’échafaud en 1794, quoiqu’il se fût déclaré partisan du nouveau régime. Il a publié de nombreux écrits et des Mémoires sur sa vie.
  • Bonaventure VACQUIER, maire de Perpignan entre 1792 et 1793, 41 ans.
  • René VAUQUELIN de VRIGNY (1722*1794) : ancien député de la noblesse à la Constituante, il refusa l’abolition des privilèges et démissionna.
  • Charles François VIROT de SOMBREUIL (1720*1794) : maréchal de camp, héros de la Bataille de Rocourt, il devint gouverneur des Invalides en 1786 et ne put s’opposer à son pillage en juillet 1789. Suspect pour avoir pris part à la défense des Tuileries le 10 août 1789, il fut détenu tout d’abord à la Prison de l’Abbaye (où se situe l’épisode légendaire de sa fille buvant un verre de sang pour le sauver). Ce « sauvetage » fut provisoire puisque son père fut finalement décapité.

C’est également dans ces fosses que reposent les seize carmélites de Compiègne, âgées de 29 à 78 ans, qui furent conduites ensemble à l’échafaud chantant des hymnes. Elles furent béatifiées en 1906. Leur histoire inspira à Georges Bernanos Les dialogues des carmélites qui fut mis en musique dans le magnifique opéra du même nom de Francis Poulenc.


Une plaque signale la présence de 23 Vendéens exécutés le 25 juin 1794.

Le cimetière des familles

Le petit « cimetière des familles » se visite vite : il abrite les tombes de ceux qui eurent pour point commun d’avoir un ancêtre guillotiné et inhumé à Passy. Tout naturellement, il apparaît comme un répertoire de l’aristocratie française : ici reposent des Montmorency, des Noailles, des Gontaut-Biron, des Rohan-Chabot, des Clermont-Tonnerre… L’étude généalogique poussée de ses familles permet de déterminer un nombre important de liens entre-elles, à tel point que l’on peut parler d’un véritable cimetière familial de l’aristocratie. Il n’est pas dans mes habitudes de relever l’identité des aristocrates simplement en raison de leurs origines. Néanmoins, un certain nombre d’entre-eux se sont faits connaître dans l’histoire pour des raisons diverses. On parle beaucoup de La Fayette inhumé ici, mais Picpus se révèle beaucoup plus riche que la seule présence du fameux général : ce ne sont pas moins de sept académiciens français, trois évêques, un président du Conseil et toute une flopée de parlementaires et de pairs de France de la Restauration, pour la plupart monarchistes et ultraconservateurs, qui reposent ici. L’église, la politique et l’armée : on retrouve sans surprise les fonctions traditionnelles de la vieille noblesse française.

- A l’entrée du cimetière, dans le caveau de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie reposent parmi d’autres :

Le père Joseph COUDRIN (1768-1837) : diacre quand éclate la Révolution, il refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé, ce qui le contraignit à vivre dans la clandestinité. Il intégra en 1794 à Poitiers une Association du Sacré-Cœur fréquentée par les laïques (les Solitaires) dont il devint le confesseur : c’est là qu’il rencontra Henriette Aymer de la Chevalerie. L’association devint progressivement une congrégation, les solitaires ayant prononcé des vœux religieux. Celle-ci fut soutenue par le nouvel évêque de Poitiers. Elle s’installa officiellement en 1805 rue de Picpus, mais dut affronter la méfiance des agents impériaux, puis celle du clergé gallican sous la Restauration. En 1817, la congrégation obtint finalement la reconnaissance officielle par Rome de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Elle se spécialisa rapidement dans l’enseignement, en particulier dans les séminaires, et l’activité missionnaire, surtout en Océanie. Henriette AYMER de la CHEVALERIE (1767-1834), cheville ouvrière de l’ouverture de la congrégation à laquelle elle voua sa vie, repose également dans ce tombeau. Un procès de canonisation la concernant est en cours. Jean-Baptiste de CHABOT (1740-1819) : évêque de Saint-Claude, puis de Mende de 1802 à 1805, il assista la Congrégation lors de ses débuts difficiles.

- Marie Alexandre Raoul BLIN de BOURDON (1837-1940) : député de droite de la Somme de 1871 à 1893, inhumé dans le caveau Doria, il fut transféré avec son épouse au Quesnel en Santerre en 1955 mais son tombeau demeure.


- Bruno Gabriel Paul de BOISGELIN (1767-1827) : capitaine d’infanterie pendant la Révolution, il émigra en 1791 et fit la campagne dans l’armée des princes en 1792. En 1814, il fut nommé chevalier de Saint-Louis et maître de la garde-robe du roi. Président du collège électoral des Côtes-du-Nord, il fut élu pair de France en 1815. Il devint colonel dans la garde nationale de Paris en 1820 et fut désigné la même année premier chambellan du roi.


- Don Nuño Caétano Alvarès Pereira de Mello, duc de CADAVAL (1799-1837) : 6ème duc de Cadaval, descendant d’une branche cadette de la maison de Bragance, il fut membre du conseil de régence et président de la Chambre des pairs du Portugal en 1826 et devint premier ministre de don Miguel en 1828. Il repose sous un beau sarcophage néoclassique.


- Paul François de Quelen de La Vauguyon, prince de CARENCY (1746-1828) : gouverneur de Cognac après avoir fait les dernières campagnes de la guerre de Sept Ans, il écrivit un Portrait de feu monseigneur le Dauphin et fut menin du futur Louis XVI. Pair de France, maréchal de camp, il fut choisi pour être ministre plénipotentiaire près les états-généraux des Pays-Bas. Ambassadeur d’Espagne, éphémère ministre des affaires étrangères en 1789 (durant trois jours !), il devint ministre du conseil d’État de Louis XVIII à Vérone. Il fut son principal intermédiaire auprès de ses agents en France, mais fut victime d’intrigues. Dans l’enclos familial repose également son fils, Paul Yves Bernard de Quelen de La Vauguyon, prince de CARENCY (1777-1837) : pair de France, maréchal de camp, lieutenant général d’abord dans le royaume de Naples, il combattit dans les armées de Napoléon et fut aide de camp du grand-duc de Berg. Il suivit Murat à Naples et devint général et le colonel général de l’infanterie de sa garde. Sans alliance et sans postérité légitime, avec lui s’éteignit la famille de Quelen de Vauguyon.


- Charles de CHAMBRUN (1875-1952) : très tôt destiné à la diplomatie, descendant en ligne direct de La Fayette, il obtint successivement des postes d’attachés d’ambassade au Vatican, à Berlin, puis à Washington. Après avoir passé deux ans à la direction politique du Quai d’Orsay, il fut nommé premier secrétaire en 1914 à Pétersbourg, puis à Athènes en 1924, et enfin à Vienne en 1926. De 1928 à 1933, il représenta la France à Ankara, avant d’être nommé ambassadeur à Rome, poste qu’il occupa de 1933 à 1935, durant la dictature mussolinienne. Homme fin et cultivé, il laissa plusieurs ouvrages inspirés de son expérience. Il fut élu à l’Académie française en 1946. Sa présence ici est l’occasion d’évoquer un écheveau généalogique comme il y en a tant dans ce cimetière : avec lui repose son épouse, Marie de ROHAN-CHABOT (1876-1951), qui fut peintre et membre du jury du Prix Femina. Dans le même tombeau fut inhumé son frère, le général Jacques Aldebert de CHAMBRUN (1872-1962) et l’épouse de ce dernier, Clara LONGWORTH (1873-1954), femme de lettres spécialiste de Shakespeare, dont le frère avait épousé la fille de Roosevelt. Ils furent les parents de René de Chambrun, qui épousa José Laval, fille de Pierre Laval, qui reposent à Montparnasse.


- Francisque de CORCELLE (Claude François Philibert Tircuy de Corcelle : 1802-1892) : ami de Tocqueville, député de l’Orne de 1839 à 1851, il fut de 1871 à 1876 député du Nord et ambassadeur de France au Vatican de 1873 à 1876.


- Charles Auguste de FORBIN-JANSON (1785-1844) : évêque de Nancy, de Toul et primat de Lorraine à partir de 1823, il passa l’essentiel de sa vie en exil puis en voyages, notamment aux Etats-Unis et au Canada où il connut un certain succès. Il fut le fondateur de l’œuvre de la Sainte Enfance. Son identité est indiquée sur une plaque scellée dans une chapelle qui semble abandonnée.


- Théodore GOSSELIN, dit G. LENOTRE (1855-1935) : journaliste, il collabora à La Revue des Deux mondes et au Figaro où il écrivit ses premiers récits d’histoire. Il se spécialisa dans l’étude de la Révolution française, et publia un nombre important d’ouvrages sur le sujet, dans un style narratif et anecdotique. Cette production, même si elle est en grande partie dépassée par la recherche historique, reste agréable à lire et fourmille de détails intéressants introuvables ailleurs. Il fut élu en 1932 à l’Académie française . Parmi ses œuvres, « Le jardin de Picpus » reste l’ouvrage de référence sur l’histoire du cimetière (il est d’ailleurs encore en vente à l’entrée). Pour lui rendre hommage, il fut inhumé ici : il est le seul résident du cimetière à ne pas avoir d’ancêtre guillotiné.


- Maurice de JACQUELOT de BOISROUVRAY (1910-1941) : lieutenant aviateur, il refusa l’armistice et rejoignit les Forces aériennes françaises libres. Affecté à la couverture aérienne en Libye contre l’Italie, il se distingua à la prise de Koufra mais fut abattu en vol et disparut en mer. Une plaque cénotaphe rappelle sa mémoire dans ce cimetière.


- LA FAYETTE

- Dans le caveau de famille Laguiche reposent Louis Henri Casimir, marquis de LA GUICHE (1777-1843), fait pair de France par Louis XVIII, et son fils Philibert Bernard de LA GUICHE (1815-1891), député monarchiste de Saône-et-Loire de 1846 à 1848 puis de 1871 à 1876.


- Dans la très belle chapelle des La Rochefoucauld (branche de Doudeauville) reposent, parmi d’autres membres de la famille :

Mathieu de MONTMORENCY (1767-1826) : Partisan des philosophes, il participa à la guerre d’Indépendance américaine et fut maréchal de camp. Député de la noblesse aux États généraux, il se réunit au Tiers état et s’enhardit pour les principes révolutionnaires, il dut malgré tout émigrer en Suisse chez Mme de Staël. Rentré en France à la chute de Robespierre, il fut arrêté puis relâché. Pair de France lors de la Restauration, ministre des Affaires étrangères en 1821, membre du Conseil privé ; ambassadeur au congrès de Vérone ; il fut l’ami de Louis XVIII, de Mme de Staël et de Mme Récamier. Il fut élu à l’Académie française en 1825, en n’ayant d’autres titres littéraires que d’être le gouverneur du duc de Bordeaux et quelques discours parlementaires qu’il avait prononcés. Louis François Sosthènes de LA ROCHEFOUCAULD (1785-1864) : député de la Marne de 1815 à 1816, puis du Cher de 1827 à 1848, il se fit connaître pour ses opinions ultraconservatrices. Directeur général des Beaux-Arts et des théâtres royaux, il prit un arrêté resté célèbre pour réglementer la longueur des robes des danseuses de l’Opéra. Personnage influent, lien entre le roi et les Ultras, il est de ceux qui participent à l’ascension politique de Villèle. Il fit partie de ceux qui furent ébranler par les témoignages de Naundorff se disant Louis XVII. Charles Gabriel Sosthènes de LA ROCHEFOUCAULD (1825-1908) : fils du précédent, il fut député de la Sarthe de manière quasi discontinue entre 1871 et 1898. Cet ultraconservateur siégea à l’extrême droite royaliste et chercha longtemps à réconcilier les deux branches Orléanistes et légitimistes. Jamais rallié à la République (qu’il ne voyait que comme un régime transitoire), il s’opposa violemment à toute proposition des gouvernements de Gauche.

- François, Gabriel, Thibault de LABROUSSE DE VERTEILLAC (1763-1854) : député de la Seine-et-Oise à la Chambre de 1815.


- Louis de LA CHATRE (1745-1824) : député de la noblesse aux Etats-Généraux en 1789, il se montra hostile à la Révolution et émigra rapidement, rejoignant l’Armée des princes. Il y fit la campagne de 1792 contre la France, à la tête d’une compagnie de grenadiers qu’il avait levée à Ath. Il rejoignit l’Angleterre, où il constitua en 1793 un régiment connu sous le nom de « Loyal Emigrant », qui fut décimé à Quiberon. Louis XVIII le récompensa en le faisant duc, ambassadeur à Londres et pair de France.


- Adrien Jules, marquis de LASTEYRIE du SAILLANT (1810-1883) : petit-fils, par sa mère, du général La Fayette et beau-frère de M. de Rémusat, il prit part comme aide-de-camp de Dom Pedro à l’expédition entreprise par ce prince pour expulser don Miguel de Portugal. Député de la Sarthe de 1842 à 1848, il prit rang dans le tiers parti et opina généralement avec le centre gauche, mais la Révolution de 1848 le rejeta, dans le parti conservateur. Membre de la Constituante de 1848, il fut élu député de la Seine-et-Marne en 1849. Il appartint alors à la majorité monarchiste. Dans les derniers temps de la législature, il se montra opposé à la politique personnelle du prince-président, et ses protestations contre le coup d’Etat le firent expulser de France en 1852 ; mais il fut autorisé à rentrer peu après. Sous l’Empire, il fit paraître une Histoire de la liberté politique en France (1860). Lié à Thiers, il le suivit, après 1870, dans son évolution vers la République conservatrice. Elu en 1871 député de Seine-et-Marne, il devint sénateur en 1875. Il fit partie, au Sénat comme à l’Assemblée nationale, de la fraction la plus modérée du parti républicain. Une plaque du cimetière indique sa présence ici : elle a valeur de cénotaphe car il fut inhumé dans la tombe Rohan-Chabot de la 28ème division du Père Lachaise.


- Augustin Louis Marie LE PROVOST de LAUNAY (1850-1912) : député bonapartiste des Côtes-du-Nord de 1876 à 1893, il en fut sénateur de 1896 à sa mort. Il combattit les gouvernements républicains, en particulier sur le terrain de la sécularisation de l’enseignement et sur la politique coloniale.


- Pierre-Marc-Gaston de LÉVIS (1764-1830) : député à la Constituante, il émigra en 1792 et rentra le 18 Brumaire. Il fut fait pair de France par Louis XVIII. Il a laissé divers ouvrages de littérature et d’économie politique. Il fut nommé à l’Académie française par ordonnance en 1816.


- Frédéric François MILLON de MONTHERLANT (1835-1898) : chef de bureau au ministère des finances, il fut également un peintre paysagiste reconnu. Il était le grand-père de l’académicien Henry de Montherlant.


- Charles de MONTALEMBERT (1810-1870) : Journaliste, politicien et académicien français, il participa aux groupes des catholiques libéraux de Lacordaire et de Lammenais, y jouant un grand rôle dans le développement du catholicisme social, mais s’en éloigna après la condamnation pontificale des thèses de l’Avenir, le journal de Lacordaire énonçant les principes du dit catholicisme. Il siégea après la Révolution de 1848 à la droite de l’Assemblée, puis se rallia à Louis Napoléon Bonaparte.


- Dans les différentes tombes de la concession des Noailles reposent parmi d’autres membres de la famille :

Jean-Paul François de NOAILLES (1739-1824) : officier, il participa à la Guerre de Sept Ans puis à la défense des Tuileries le 10 août 1792. Il émigra à tant, laissant derrière lui sa mère, son épouse et sa fille aînée qui furent toutes trois décapités. Chimiste, il était membre de l’Académie royale des Sciences puis devint pair de France sous la Restauration. Il fut le beau-père de La Fayette.

Alexis Louis Joseph de NOAILLES (1783-1835), qui fut expulsé de France sous Napoléon Ier à cause de son opposition au régime impérial. Il fit d’actives démarches dès 1812 près des souverains alliés en faveur des Bourbons et participa au congrès de Vienne. Il fut député de 1815 à 1816, puis de 1824 à 1831 où il représenta la Corrèze.


- Dans les différentes tombes de la concession Nicolaï (ou Nicolay), seigneurs de Goussainville, reposent parmi d’autres membres de la famille /

Aymard Claude de NICOLAY (1739-1815), ancien chanoine de Notre-Dame de Paris, il fut entre 1771 et 1790 le dernier évêque de Béziers. Il émigra par la suite. Il était le frère de l’académicien Aymard de Nicolay, guillotiné et inhumé dans la fosse de Picpus. Aymard François Christian de NICOLAY (1777-1839), chambellan de Napoléon Ier, qui devint pair de France en 1832.

- Dominique d’ORGLANDES (1767-1857) : en 1793, il forma avec quelques amis le projet de délivrer Louis XVI dans le trajet qui le menait à l’échafaud mais la tentative échoua. Rallié à la Restauration, il fut député de l’Orne de 1815 à 1823 et devint pair de France. Ami de Bonald et de Villèle, il siégea avec les Ultras.


- Aimé PICQUET du BOISGUY (1776-1839) : neveu de la Motte-Picquet, général chouan pendant la Révolution Française, il fut surnommé « le petit général » par ses hommes, en raison de son jeune âge. Encore enfant lors du début de la Révolution, il se signala par la précocité de son engagement. À 15 ans, il rejoignit l’Association Bretonne et devint aide de camp de La Rouërie. À 17 ans, il prit la tête de la chouannerie du pays de Fougères, à 19 ans, il était général. Boisguy fit du nord-est de l’Ille-et-Vilaine, l’une des zones les plus actives de la chouannerie bretonne, et il se révéla être un excellent tacticien. Les républicains durent mobiliser des forces importantes et en vinrent difficilement à bout. En 1796 et en 1800, Boisguy fut à chaque fois le dernier chef à rendre les armes, ce qui en fit une des principales figures de la chouannerie. Surveillé sous l’Empire, il reprit du service sous la Restauration : il reçut le commandement du département des Ardennes en 1816, et servit la monarchie jusqu’à la chute de Charles X.


- Dans les caveaux de famille des Polignac reposent, parmi d’autres membres de la famille :

Armand Jules Marie Héraclius de POLIGNAC (1771-1847) officier, il émigra en Russie et rentra en France sous le Consulat pour conspirer avec Cadoudal (1804). Emprisonné, il s’évada en 1814. Député de la Haute-Loire en 1815, pair de France, il devint duc à la mort de son frère en 1817. Jules Auguste Armand Marie de POLIGNAC (1780-1847) : frère du précédent, il contribua activement à la naissance de la révolution de Juillet. Impliqué avec son frère Armand de Polignac dans la conspiration de Cadoudal contre Napoléon Ier en 1804, il fut condamné à deux ans de prison, mais, voyant sa détention se prolonger, il s’évada en 1813. Allié du comte d’Artois, dont son frère était l’aide de camp, il se déclara partisan d’une restauration complète et s’opposa à la Charte de 1814. Pair de France, il fut nommé ambassadeur à Londres de 1823 à 1829, puis ministre des Affaires étrangères et président du Conseil en 1829. Il organisa alors l’expédition d’Alger. À l’origine des ordonnances de Charles X qui déclenchèrent la révolution libérale de 1830, il fut arrêté, condamné à la prison à vie, déchu de ses titres et privé de ses droits civiques. Il fut toutefois amnistié en 1836.

- François de POLIGNAC (1887-1981) : député du Maine-et-Loire de 1928 à 1940. Il repose dans un autre tombeau que les deux précédents.


- Sigismond du POUGET, marquis de NADAILLAC (1787-1837) : colonel des hussards, il participa aux guerres de l’Empire avant de devenir en 1815 député de la Haute-Vienne.


- Charles de RÉMUSAT (1797-1875) : En philosophie, il fut un spiritualiste de l’école de Victor Cousin ; en politique, ce fut un doctrinaire, ami de Royer-Collard, Thiers et Guizot. Il entra en politique en 1830 en se faisant élire député de la Haute-Garonne. Ministre de l’Intérieur en 1840, il entra ensuite dans l’opposition à la politique de Guizot. Proscrit au Coup d’État en 1851, il rentra en août 1852 et se rallia à l’Empire libéral. Ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement de Thiers en 1872, son échec à la députation à Paris en 1873 entraîna la chute de Thiers ; il fut néanmoins élu la même année député dans la Haute-Garonne. Il publia de nombreux articles dans les journaux et laissa plusieurs ouvrages. Membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, il fut élu à l’Académie française en 1846.


- Charlotte de ROHAN-ROCHEFORT (1767-1841) : nièce du cardinal de Rohan, elle était la compagne du duc d’Enghien, fusillé dans les forts de Vincennes. Elle ne se remaria pas et demeure seule ici (le duc d’Enghien étant inhumé dans la Sainte-Chapelle de Vincennes. Sa stèle indique : En novembre 1803, elle avait épousé secrètement Louis Antoine Henri de Bourbon-Condé, duc d’Enghien.


- Dans les caveaux de famille des Sérent reposent, parmi d’autres membres de la famille :

Armand Louis de SÉRENT (1736-1822) : pair de Bretagne, lieutenant de cavalerie durant la guerre de Sept Ans, il fut nommé en 1787 précepteur des ducs d’Angoulême et de Berry. Cette même année, il créa un cabinet de curiosité, précieuse collection d’objets des colonies. Durant la Révolution, il conduisit ses protégés à la cour de Sardaigne. Sous la Restauration, il devint pair de France et gouverneur du château de Rambouillet. Armand-Sigismond-Félicité-Marie de SÉRENT (1762-1796) : colonel en second du régiment d’Angoulême-infanterie, qu’il commandait en chef en 1790, il émigra vers la fin de l’année suivante, rejoignit les princes français qui le chargèrent, en 1796, d’une mission importante auprès des royalistes de la Vendée. Il périt en remplissant cette mission. Raymond, duc de NARBONNE-PELET (1771-1855) : ambassadeur à Naples sous la Restauration, Louis XVIII le fit pair de France, duc, et ministre d’Etat. Il refusa de prêter serment à Louis-Philippe.

- Hippolyte TERRAY de ROZIÈRES (1774-1849) : rentré en France après la Révolution, Il fut préfet de la Côte-d’Or (1815) puis du Loir-et-Cher (1816).


- Nicolas William Wladimir VILLEDIEU, marquis de TORCY (1802-1859) : député de l’Orne lors de la Monarchie de Juillet, de 1846 à 1848. Partisan de François Guizot, il siégea au sein du parti de la Résistance. Rallié au Second Empire, il fut de nouveau élu député par deux fois, de 1852 à 1863, siégeant au sein de la majorité dynastique, il soutint la politique de Louis-Napoléon Bonaparte.

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