Cartier

De GeneaFrancoBelge

Les cartiers furent presque toujours à l’origine confondus avec les peintres, les enlumineurs, les mouleurs de statuettes de plâtre ou de terre peinte ; mais des statuts de cartiers de Tournai, de 1480, semblent indiquer qu’ils étaient tenus dans un certain état d’infériorité ; les maîtres ne payaient que la moitié du droit auquel étaient astreints les peintres.

Du reste, jusqu’au milieu du quinzième siècle (à Augsbourg jusqu’en 1445) les cartes furent peintes, bien qu’on ait parfois prétendu que c’était le premier produit de la gravure sur bois ; Les femmes paraissent avoir exercé ce métier en aussi grand nombre, sinon en plus grand nombre que les hommes. Ces cartes peintes étant assez coûteuses, on devait se servir pendant longtemps du même jeu, ce qui expliquerait le peu d’activité de la production et le petit nombre des ouvriers.

En 1594, les cartiers de Paris n’étaient qu’au nombre de huit quand ils rédigèrent leurs premiers statuts. Au dix-huitième siècle, on les nommait papetiers-cartiers, mais dans leurs statuts ils prennent le titre de « maîtres du métier de cartiers, faiseurs de cartes, tarots, feuillets et cartons », ou « cartiers, tarotiers, feuilletiers et cartonniers. »

Les statuts des cartiers comprenaient vingt-deux articles ; remaniés sous Louis XIII et sous Louis XIV, quelques articles furent ajoutés. Pour être maître cartier, il fallait avoir boutique ouverte sur la rue ; l’apprentissage durait quatre ans ; on était tenu ensuite d’être compagnon pendant trois ans ; après ce temps on exécutait un chef-d’œuvre consistant en une demi-grosse de cartes fines ; puis, en acquittant les droits, on était reçu maître.

Comme dans la plupart des métiers, il était défendu d’avoir plus d’un apprenti, et les maîtres ne devaient pas se prêter leurs compagnons. Tous les maîtres cartiers devaient avoir une marque différente ; du reste le valet de trèfle portait toujours le nom du fabricant. Enfin, pour faire observer les règlements la communauté élisait tous les ans deux jurés. On voit que l’organisation n’était pas des plus compliquées : c’est ce que l’on constate toujours quand on a affaire à une corporation peu ancienne. Au quinzième siècle, les cartiers portaient le nom de « carteurs ou franc-carteurs. » Dans le nord de la France et dans les Pays-Bas, où ce jeu fut toujours l’objet d’un commerce considérable, ils avaient sous leurs ordres des ouvriers appelés brunteurs ou licheurs de couleurs, des broyeurs et des ouvriers cartiers ; ces derniers seuls devaient se faire recevoir apprentis.

En France, dès que les cartes devinrent une source de revenus pour l’Etat, la production fut bornée à un très petit nombre de villes. En 1631, on n’en fabriquait que dans six villes : Rouen, Toulouse, Lyon, Thiers, Limoges et Troyes.

Il y a eu des cartes de différentes matières, en ivoire, en nacre, sous Louis XIV, époque où les cartes jouirent de la plus grande faveur ; ce qui venait sans doute du goût très prononcé que le monarque avait montré pour ce passe-temps.

Au seizième siècle, en Italie surtout, on en fit de satin brodé. Mais les cartes les plus communes ont été les cartes en papier ou plutôt en carton formé de plusieurs feuilles de papiers superposées. Le papier qui forme le dos de la carte s’appelle « cartier », et les dessins, souvent assez indistincts, qu’on y imprime, se nomment « tarotage. »